The Late Note 001 : Et si écrire, c’était la dernière façon d’aimer quelqu’un ?
J’ai écrit cette lettre un soir où le silence pesait un peu trop lourd. Je ne voulais pas faire la fille dramatique, ni celle qui ferme la porte avec fracas.
Je voulais juste dire les choses comme elles étaient, calmement, simplement, sans chercher à convaincre. Je lui ai parlé de ce que j’avais ressenti, de ce qui m’avait blessée, sans colère, sans grand discours. J’ai remercié, parce que même les histoires inachevées méritent une forme de gratitude.
La mienne n’était pas un cri, ni un reproche.
 C’était une main tendue vers le passé, un dernier geste avant de le laisser partir.
 Je lui ai dit que je comprenais.
 Que parfois, on ne sait pas comment aimer.
Ne pas répondre ne signifie pas toujours un manque de sentiment, mais parfois un manque d'adresse.
Je lui ai aussi dit qu’il me manquait, parce que le nier n’aurait servi à rien.
 Et que je respectais son incapacité à être là , pas par résignation, mais parce qu’on ne force pas quelqu’un à être prêt.
J’espérais, égoïstement peut-être, qu’il ait aimé la façon dont il se sentait avec moi. Qu’il garde ce souvenir-là, pas les maladresses, pas les distances. Le calme qu’on avait parfois réussi à créer au milieu du bruit.
Et puis, à la fin, je lui ai écrit ce que j’aurais aimé qu’on me dise à moi : prends le temps pour toi, respire, choisis-toi avant tout. Parce que rien ne presse, et parce que personne d’autre ne peut le faire à ta place.
En relisant ma lettre, j’ai compris que je ne lui parlais plus vraiment à lui. Je me parlais à moi. J’écrivais pour apaiser cette partie de moi qui voulait encore comprendre, encore espérer, encore tout arranger. Écrire, c’était ma manière d’accepter.
Ce que j’ai compris, en écrivant cette lettre, c’est que la fermeture ne vient pas toujours de l’autre.
 Parfois, elle vient du simple fait d’avoir mis des mots sur ce qu’on ressentait.
 Écrire, c’est se rendre sa voix après l’avoir perdue dans le bruit de l’attente.
Je n’ai jamais su si cette lettre avait été lue avec émotion ou posée quelque part sans suite.
 Mais ça n’a plus d’importance.
 
Parce qu’au fond, écrire, c’est peut-être la dernière façon d’aimer quelqu’un : en laissant partir sans effacer, en disant tout sans attendre de réponse.
