The Late Note 002 : J’ai attendu son message, j’ai reçu une leçon
J’ai attendu son message, pas vraiment comme on attend une réponse, mais plutôt comme on attend un signe de vie, quelque chose qui confirme que l’histoire n’était pas juste un rêve que j’ai eu toute seule.
C’est drôle comme on peut se convaincre qu’on est au-dessus de tout ça, qu’on ne “fait plus ce genre de choses”, et quand même se surprendre à vérifier son téléphone au réveil, à guetter le petit point de notification qui pourrait changer la météo de la journée.
Je me racontais que ce n’était pas grave, que je n’étais pas vraiment en train d’attendre.
 Mais dans ma tête, il y avait cette phrase en arrière-plan : il va finir par écrire.
 Pas parce qu’il me doit quelque chose, pas même parce que je l’espérais tant que ça, mais parce qu’une partie de moi voulait encore croire que les connexions sincères ne disparaissent pas du jour au lendemain.
Alors j’ai attendu, et pendant que je faisais semblant d’aller bien, j’ai construit tout un roman intérieur.
 Peut-être qu’il avait besoin de temps, peut-être qu’il voulait me laisser respirer, peut-être que la vie l’avait submergé.
 Et plus je me disais peut-être, plus je m’éloignais de moi.
Parce que c’est ça, la vraie fatigue de l’attente : ce n’est pas l’absence de message, c’est le bruit qu’on met à la place pour ne pas entendre le silence.
Et puis, un soir, j’ai eu un déclic : pas une illumination spectaculaire, juste une lucidité douce, presque triste :
 s’il voulait, il le ferait.
 Et cette phrase, banale à en pleurer, m’a fait plus de bien que n’importe quelle excuse poétique.
J’ai compris que j’attendais plus qu’un message.
 J’attendais d’être reconnue, validée, choisie, rassurée sur le fait que ce que j’avais ressenti n’était pas un mirage.
 Mais l’absence de mots est parfois la réponse la plus honnête qu’on puisse recevoir.
 Et j’ai décidé d’arrêter de l’interpréter.
Ce n’était pas un renoncement, plutôt une libération tranquille.
 Parce qu’à force de scruter un téléphone, j’avais oublié la seule voix qui comptait encore : la mienne.
Depuis, je me parle différemment.
 Je me dis que la prochaine fois que j’aurai envie d’attendre un signe, je commencerai par m’en envoyer un à moi-même.
 Un message simple, sans phrases toutes faites, sans délai de livraison, juste une certitude qui ne dépend de personne :
 tu es là, tu avances, et c’est suffisant.
Et peut-être que c’est ça, la leçon :
 quand on cesse d’attendre un message, on recommence à écrire son histoire.
